Ayant commencé sa carrière sur disques au début des années 60, Marie King ne prend la route avec son mari Bob King et ses musiciens qu’en 1967. Ce dernier quitte alors les ondes de la station radio CFRA, dans la capitale canadienne, au moment où se termine l’émission The Happy Wanderers à laquelle il participait comme musicien depuis de nombreuses années. En plus de l’accompagner à titre de guitariste et de directeur musical, Bob écrit plusieurs des chansons au répertoire de son épouse, chansons auxquelles celle-ci s’empresse d’accoler un texte en français. Ainsi prendront forme plusieurs de ses succès dont Ma petite Carole, un des titres-phares de toute sa carrière.
Les années 70 marquent en quelque sorte l’âge d’or de la musique country au Québec et il en est de même pour la famille King. Déjà en 1969, elle se voyait attribuer un premier disque d’or pour l’ensemble de ses ventes puis décrochait le Méritas de la meilleure interprète western au Festival du Disque. Bien que ses albums continuent de paraître chez Caprice, la maison qui a misé sur la chanteuse dès le début, d’autres s’intéressent désormais à elle. C’est le cas de Trans-World, une des entreprises les plus prospères du temps dans le monde musical, qui lui fait graver deux albums coup sur coup en 1972. Du premier, nous pourrons entendre les chansons L’amour n’est pas l’amour et Pour ce que je suis qui reflètent bien le son de cette période luxuriante. C’est l’époque des grands rassemblements où se côtoient de nombreuses têtes d’affiche. Pendant que les vedettes pop ont leur Musicorama, les artistes country forment leur propre caravane : ainsi en est-il de cette tournée interprovinciale au menu sans précédent, incluant la vedette populaire Michèle Richard, avec laquelle Marie visite 42 villes en autant de jours, en 1974!
Chez les King, les liens familiaux sont une valeur très importante et on ne s’étonnera pas de voir chacun des enfants bénéficier, à tour de rôle, d’une chanson qui lui est dédiée. Daniel, pour qui Marie a écrit Mon p’tit Danny, et son frère Bobby deviendront plus tard deux membres fondateurs du groupe Nuance pour lequel Danny demeurera le batteur pendant la majeure partie des années 80. Carole Ann se joint pour sa part à ses parents en 1978, au moment où elle enregistre la chanson Maman ne t’en fais pas, sur l’album du même nom, où l’on retrouve aussi L’église de mon village et Étoile de mes rêves. Au moment où celle-ci décide de poursuivre à son tour une carrière en solo, Bobby se joint à son équipe en tant que bassiste, poste qu’il occupera jusqu’en 2004.
Artiste très prolifique dans les décennies 60, 70 et 80, Marie King se retrouve étonnament quasi ignorée de l’industrie du disque compact. Outre l’album autoproduit D’hier à aujourd’hui, qu’elle apporte avec elle à chacun de ses spectacles, les cinq CD de la présente collection seront les rares exemples où l’on retrouve une importante partie du répertoire de Marie King. Après un dernier album vinyle, paru en 1988 sur étiquette Contact, et suite au décès de Bob King en 1989, Marie limite désormais ses apparitions sur scène à la saison des festivals et vaque à ses occupations quotidiennes tout en continuant d’encourager Carole Ann de sa présence et de ses judicieux conseils.
Texte : Richard Baillargeon / Disques Mérite